Trois questions à Patrick Juillard.

Dans le cadre de notre rubrique « Trois questions à ? », la rédaction de sport-24 a consulté le journaliste et consultant, Patrick Juillard. Il se prononce sur le marché des transferts pour les joueurs africains de l’Outre-mer. En cette période de crise sanitaire mondiale à cause du Coronavirus, notre expert donne son point du vu sur aussi la récente aide annoncée par la Fifa au bénéfice des fédérations membres.

Sport-24 : Le Mercato est en cours.Quel est l’état de ce marché notamment pour les joueurs africains ?

Patrick Juillard : Effectivement, si le football s’est arrêté dans la quasi-totalité des pays de la planète, ce n’est pas le cas du Mercato. Pour les joueurs en fin de contrat au 30 juin, les discussions avec leur futur club avaient souvent débuté avant l’interruption des compétitions. Les incertitudes sur les dates de reprise des championnats et le calendrier de la saison prochaine ont pu y mettre un frein. Mais en cette période de contraction financière, les joueurs libres resteront particulièrement recherchés par des clubs en quête de bonnes affaires. Les prêts ont aussi des chances d’être plus nombreux que d’habitude. Pour les joueurs dont le contrat court au-delà du 30 juin, les transferts pourraient en revanche être plus rares qu’en temps normal.

Sport-24 : Beaucoup de spéculations concernant Sadio Mané, Mohamed Salah et Aubameyang… Quel est votre analyse ?

Patrick Juillard : Ces anciens vainqueurs du trophée du joueur africain de l’année évoluent tous en Premier League où ils font preuve d’une enviable régularité. Mais tous ne sont pas dans la même situation sportive et contractuelle. Lié jusqu’en juin 2023 avec Liverpool, Sadio Mané était arrivé de Southampton pour 41 millions d’euros en 2016. Sa valeur marchande a au minimum triplé depuis. La victoire en Ligue des Champions et le cavalier seul réussi cette saison avant l’interruption de la Premier League font que les Reds ne revendront certainement jamais le Sénégalais à un autre club anglais. La seule porte de sortie envisageable est aujourd’hui le Real Madrid, où Zinédine Zidane apprécie son profil.

Mais il faudrait mettre 150 millions d’euros sur la table. Pas gagné vu les conditions « confinées » actuelles ! Pour Mohamed Salah, lui aussi lié à Liverpool jusqu’en juin 2023, le marché est assez similaire : très cher et pas n’importe où. Là encore, on voit mal l’Egyptien signer dans un club anglais concurrent. Pour Pierre-Emerick Aubameyang, en revanche, la donne est différente. Convaincant depuis son arrivée en janvier 2018 à Arsenal (co-meilleur buteur de la Premier League en 2018-2019 avec 22 réalisations pour un total depuis son arrivée de 61 buts toutes compétitions confondues avec les Gunners), le Gabonais a de quoi être frustré sur le plan des résultats.

L’ancien Stéphanois ne se presse d’ailleurs pas pour prolonger. Avec une seule année de contrat, il est en position de force, avec une valorisation aux alentours des 50 millions d’euros. Une bonne affaire possible pour un grand d’Espagne ? Déjà approché par le Barça, « PEA » dont la mère est espagnole ne cache pas son attirance pour le Real Madrid, où Zinédine Zidane recherche des solutions complémentaires à Karim Benzema.

Sport-24 : La Fifa a décidé de soutenir financièrement ses Fédération membres pour faire face à la pandémie de coronavirus. Ces fonds permettront ils de régler les problèmes auxquelles font face les fédérations.. À quoi devraient-ils servir ?

Patrick Juillard : En effet. En temps normal, les associations membres de la FIFA n’auraient reçu le montant total de l’allocation qu’après avoir rempli des critères spécifiques. Elles le recevront sans attendre, dans un souci de préservation du football. Cela doit permettre aux 54 associations africaines de faire face aux premières urgences induites par cette situation exceptionnelle et inédite. Les clubs devront être soutenus, sous peine de voir certains mettre la clé sous la porte. Il faut également espérer que les joueurs ne seront pas les dindons de la farce, et qu’ils recevront la part qui leur revient. Le paiement de leurs salaires en temps et en heure n’est déjà pas toujours bien assuré en temps normal, alors cet arrêt de travail forcé risque d’accroître leurs difficultés.

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