Foot-Af du Sud : l’entraîneur des Bafana Bafana, prudent quant à la reprise
L’entraîneur des Bafana Bafana, Molefi Ntseki, s’est peu enthousiaste à l’idée de reprendre le championnat national de football. Une inquiétude faisant suite à la sortie du ministre sud-africain des Sports, Nathi Mthethwa d’autoriser la reprise des entraînements.
En effet, le ministre des Sports, Nathi Mthethwa a récemment donné son feu vert à la PSL pour que les clubs reprennent les entraînements, à condition qu’ils respectent les protocoles sanitaires et les mesures de sécurité prévues par les règlements de la loi sur la gestion des catastrophes.
Pour le sélectionneur national du pays arc-en-ciel, tout le monde devra être prudent d’autant que de nouvelles infections sont signalées parmi les communautés.
Mofeli Ntseki, a accordé une interview à Safa.net
Etes-vous excité par la reprise prochaine du football en Afrique du Sud ?
Molefi Ntseki : Je dois admettre que les trois derniers mois n’ont pas été faciles, et n’ont pas été les mêmes. En termes simples, « c’est inacceptable la façon dont le coronavirus a paralysé le monde du sport. ( rire…). Lorsque les ligues du monde entier ont été suspendues, ce fut un grave revers pour tous les amoureux du football – joueurs, administrateurs, supporters, sponsors, patrons de club, je veux dire tout le monde. Cette décision a affecté toutes les parties prenantes de manière très négative, comme jamais auparavant.
Non seulement cette pandémie a mis le sport à l’arrêt, mais la vie a failli s’arrêter- les travailleurs ne pouvaient pas aller travailler, les écoles ont dû fermer – beaucoup de choses se sont passées et il faudra peut-être du temps pour s’en remettre.
Du point de vue de l’Afrique du Sud ?
Écoutez, quand nous avons entendu que des championnats vont reprendre dans le monde entier, nous avons été ravis, même si nous étions un peu sceptiques dans certains cas. Mais jusqu’à présent, nous avons vu que les Allemands continuent. Ils ont été rejoints par les Italiens, les Espagnols et depuis mercredi, c’est au tour de la Premier League anglaise de reprendre.
Pour les équipes nationales, nous sommes encore loin du compte, mais apprendre – que le football reprendra nous ravis tous. En Afrique du Sud, les équipes ont reçu le feu vert pour commencer à s’entraîner, et c’est ce que nous attendions depuis si longtemps.
Le fait de retourner sur le terrain montre clairement que nous commençons lentement à surmonter le défi qui nous attend, l’ennemi invisible.
Malheureusement, il est fort probable qu’il n’y aura pas de supporters pour encourager les joueurs, mais c’est compréhensible – nous ne pouvons pas tout avoir d’un seul coup dans ces circonstances.
Les joueurs devront s’adapter et peut-être s’habituer- je suppose que ce sera une nouvelle norme. Cela dit, il y a de l’espoir pour les équipes nationales… Bien sûr, oui, mais il y a encore beaucoup de chemin à parcourir car il y a de nombreuses différences entre le football au niveau des clubs et au niveau de l’équipe nationale.
Les équipes nationales devront veiller au respect des procédures mises en place au niveau des clubs – et si les protocoles de santé fonctionnent avec les clubs, nous pourrons les appliquer dans les équipes nationales d’une manière ou d’une autre.
Je pense que la CAF et la FIFA suivent la situation de très près.
L’autre défi est que, par exemple, lorsque les Bafana Bafana se rendront au Ghana, cela implique beaucoup de choses – où camper en groupe, protocoles et mesures de sécurité en place, se rendre de la base à l’aéroport ; puis les protocoles de l’aéroport, les protocoles de vol, les protocoles de l’aéroport étranger, les protocoles de l’hôtel à l’extérieur, les protocoles des matchs, et quand nous revenons, c’est le même exercice – et cela pourrait être trop lourd à supporter, et probablement coûteux.
C’est pourquoi je dis qu’il faudra peut-être un certain temps avant que les équipes nationales ne reprennent le travail, mais il y a de l’espoir. Donc pour l’instant, nous ne pouvons même pas commencer à penser à des dates…
Nous sommes actuellement confrontés à de trop nombreux défis en ce qui concerne la CAN et les qualifications au Mondial 2022 au Qatar.
La CAF et la FIFA ne sont pas encore en mesure de fixer des dates, ce qui est compréhensible car le football n’a pas repris partout-souvenez-vous que certains championnats ont été annulés (France, Belgique, Écosse).
Y-a-t-il alors une pression sur la CAN, qui est prévue en janvier 2021…
Précisément ! Si nous ne pouvons pas jouer les qualifications en septembre, alors je ne vois pas comment nous pourrons organiser le tournoi en janvier. À mon avis, la CAN ne se jouera pas en janvier et pourrait être déplacé en juin – c’est la date initiale – et cela affectera désormais les joueurs évoluant en Europe car leurs clubs pourraient refuser de les libérer, et alors nous aurons à nouveau le débat Club contre Pays.
Selon moi, les quatre journées restantes en ce qui concerne les éliminatoires de la CAN au Cameroun, nous auront besoin de deux semaines FIFA – même si ce ne sera pas facile et à condition que les clubs soient d’accord.
Le plus grand défi est que le coronavirus affecte chaque pays de manière différente – ce qui rend la tâche encore plus difficile. S’il n’y a pas de match cette année, nous devrons peut-être utiliser mars ou avril pour terminer les matches restants et organiser le tournoi en juin – mais la FIFA doit jouer un rôle moteur à cet égard, car elle a également besoin de dates pour les qualifications de la Coupe du monde 2022.
La Covid-19 a certainement eu des aspects négatifs et positifs.
C’est un fait ! Commençons par les points négatifs – nous n’avons pas eu la chance de jouer contre ce que je crois être une équipe forte, car nous étions préparés à bloc pour le choc face au Sao Tomé. Tout le monde attendait ce match avec impatience, car si vous faites le calcul, nous savons que des victoires consécutives nous auraient fait gagner neuf points à deux matches de la fin.
Les points positifs – rappelez-vous que nous avons commencé à travailler en équipe, que nous avons joué contre le Ghana et le Soudan, que nous avons fait des analyses sur ces matchs tout en attendant les prochaines rencontres, donc nous n’avons pas eu le temps de nous reposer – mais maintenant nous essayons de faire le point sur le passé de manière détendue et de tracer l’avenir avec une bonne analyse.
L’autre point positif est que les joueurs qui ont manqué l’équipe en raison d’une blessure ou d’une perte de forme ont une chance de se remettre sans pression. Ils sont capables de faire de la rééducation en se préoccupant du prochain match.
Cette situation nous a donné le temps de travailler sur nous-mêmes, et aussi de bien profiler les adversaires.
Pour vous personnellement, comment avez-vous vécu cette période ?
J’étais excité parce que la préparation du camp annulé était très bonne, et il y a eu beaucoup de positif et de battage médiatique parce qu’il y avait de nouveaux visages dans l’équipe. Nous étions tous excités et nous attendions avec impatience le match contre Sao Tomé – malheureusement, il a été arrêté brutalement.
Je crois que nous avions sélectionné une équipe très forte qui allait apporter de bons résultats. Mais nous devons persévérer et continuer à y croire.
Allez-vous reconduire la même équipe qui devait jouer contre le Sao-Tome à la reprise des éliminatoires de la CAN ?
Je ne peux pas répondre à cette question par un oui ou un non – il y a beaucoup d’aspects à prendre en compte concernant la sélection. Nous devons une fois de plus évaluer les joueurs et voir comment ils se comportent après la reprise de la ligue, puis prendre le relais.
Attendons de voir.
Qu’avez-vous fait depuis le début du confinement ?
J’ai beaucoup lu. Notamment des livres sur le football et sur la vie en général. J’ai eu le temps de réfléchir aux défis à venir et à la manière de les relever. J’ai aussi regardé beaucoup de matchs de football passés sans aucune pression, et j’ai fait des analyses. J’ai été en contact avec les entraîneurs au sujet de certains joueurs, pour savoir comment ils se débrouillent, comment il s’en-sortent.
Ce fut donc une période très chargée.
Nous avons fait beaucoup de recherches sur nos adversaires aux éliminatoires de la CAN – en particulier sur Sao Tomé dont nous savons peu de choses. Nous avons dû creuser davantage pour obtenir plus d’informations. Nous n’avons pas non plus oublié nos adversaires aux éliminatoires de la Coupe du monde – nous avons demandé à d’autres entraîneurs pour voir ce qu’ils savaient d’eux.
Du temps en famille ?
Ce fut la meilleure période pour moi sur le plan familial. Depuis que j’ai déménagé à Johannesburg il y a six ans pour rejoindre la SAFA, c’est la première fois que je rentre chez moi depuis si longtemps, auparavant je ne pouvais jamais passer plus d’un mois avec eux. Sur ce point, je peux donc dire avec enthousiasme que cette période a été l’une des plus satisfaisantes, et je peux l’ajouter à l’un des points positifs du confinement.
Lorsque j’ai rejoint l’association, l’un de mes fils avait un an, il en a aujourd’hui sept – c’est donc formidable de pouvoir passer du temps avec sa famille, même si c’est dans d’autres circonstances. Nous devons toujours nous rappeler que la famille est importante.
Cela fait maintenant près de trois mois que je suis à la maison et que j’en apprécie chaque minute, car je ne suis pas habitué à cette situation.
Cela dit, le football ne vous manque-t-il pas ?
Nous ne devrions pas comparer les deux, et les mettre l’un contre l’autre parce qu’en toute honnêteté, ils vont de pair, c’est juste des circonstances différentes pour des personnes différentes. Ma famille est basée à Bloemfontein et je travaille à Johannesburg. En raison de la distance, je ne peux pas les voir tous les jours, mais j’essaie d’être avec eux aussi souvent que possible, si mon travail le permet.
Pour en revenir à votre question, je suis un passionné de football. J’ai vécu le jeu toute ma vie.
En tant qu’enfant noir qui grandit, vous savez qu’à la minute où vous commencez à marcher, vous avez un ballon avec lequel vous pouvez jouer – c’était peut-être le seul jouet que vous aviez, et j’ai grandi dans le jeu.
Lorsque je jouais au football, nous n’avions jamais rien vécu de tel, lorsque le jeu était arrêté et qu’il était impossible de jouer pour quelque raison que ce soit. La seule fois où je n’ai pas joué au football, c’est quand j’ai été blessé, mais le jeu a continué.
En bref, oui, le football me manque et ça a été difficile de vivre sans le football pendant si longtemps. Et en tant que technicien, il est agréable d’entendre que le football est sur le point de reprendre.
Mais nous devons être honnêtes avec nous-mêmes, car le fait est que même le personnel médical ne peut pas dire quand la pandémie va disparaître ou si un vaccin sera trouvé, il devient donc très difficile de faire des projections sur quoi que ce soit.
Lorsqu’il sera possible de jouer en toute sécurité et que les protocoles de santé et de sécurité seront en place, il faut absolument que les matchs reprennent. Nous devons prendre les choses au jour le jour et ne pas être négligents dans notre empressement à relancer le championnat, car cela pourrait s’avérer désastreux à long terme.
Nous voulons tous retrouver notre football et c’est un fait – cela fait trop longtemps. Comme je l’ai dit, faisons ce qu’il faut et gardons l’espoir.
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